• PENTECÔTE... INFINIMENT

    Jean-Michel Folon 

     

     

    « Je rêve d'un langage où nulle pesante loi 

    Dévasterait la foi de notre vis-à-vis... 

    Un langage élagué de dogmes rabâchés 

    Flagellant sa confiance 

    ... juste un papier de soie d'un poème sans mot, 

    voltigeant dans l'espace lumineux du silence. » 

    Ce rêve à demi éveillé au cours de nos conversations, sans doute le faisons-nous aussi tandis que, sûrs d’être compris quand nous partageons une idée, nous nous apercevons que non ! Bien que dits dans la propre langue de nos proches à qui ils s’adressent, c’est fréquemment tout autrement que nos propos sont accueillis par les membres d’un même groupe. Résultat : voilà que nous tombons des nues si vertement on nous reprend : « Rappelle-toi l’autre matin où tu as prétendu cela ! » Et nous avons beau protester en nous lançant, tempes battantes, dans de longs éclaircissements, rien ne peut démêler l’embrouille de quelques mots « mal-entendus » !

    Certes, quoiqu’un tantinet forcée, cette situation rappelle combien souvent il nous en coûte d’être perçus tout à rebours ! Pourtant, entre Terriens différenciés, n’est-ce pas tout à fait… normal, puisque l’écoute se joue toujours sur deux registres indissociables : celui des oreilles attentives jumelé à celui du cœur, captant les mots pour les trier au profond de nos ressentis, suivant ce qu’ils réveillent en nous de beau, de bon, ou d’amer et d’irrecevable.

    De nos boiteuses controverses, bien sûr que Dieu est au courant, Lui qui pour rejoindre chacun au vrai de son intimité, S’exprime d’innombrables façons : à la brise du jour ; dans un subtil silence ; au dehors du froid tombeau vide nous signifiant Son échappée et où, bouleversés de L’entendre nous appeler par nos prénoms, nous reconnaissons sans faillir que c’est Lui qui nous rend visite, au fil du Souffle de la Vie parlant la langue maternelle que nous comprenons simplement puisque… la nôtre !

    Que ce temps d'après Pentecôte soit oxygéné de Son Souffle nous racontant nos origines, lorsque dès le sein maternel Dieu nous tissait dans le secret, pour faire de chacune et chacun la créature si singulière avec qui Il vient dialoguer en tête à tête, en cœur à cœur, dans son ici et maintenant toujours. Infiniment.


    Marie-Claude Pellerin - juin 2019


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