Dans la grisaille de novembre, lorsque je pense à ce billet à écrire peu avant Noël, « heureusement ! » me dis-je, que sur les arbres à demi nus restent quelques feuilles obstinées virant au rouge, virant au jaune, un peu comme de petites flammes guidant nos pas jusqu’au marché où resplendit – Dieu, que c’est beau ! – l’orange ardent des mandarines et des incontournables courges, que cordons bleus nous transformons en veloutés, en confitures, en gâteaux ou – fées du logis délaissant notre tablier – en carrosse de Cendrillon, quand nous ouvrons pour nos bambins l’album des contes de Perrault et chuchotons, sous l’abat-jour :
« Chut ! Ecoute ! Il était une fois… ».

Et puis : passent les nuits, glissent les aubes, sur l’orange halo que diffusent les quatre bougies de l’Avent. Alors, à la cadence silencieuse de ces lumignons d’espérance, c’est l’histoire – hors contes de fées – du Très-Bas vivant sous le ciel dont Il ne fait pas Sa demeure, qui affleure à notre mémoire :
« Il était une foi… Chut ! Ecoute…
… sans carrosse Il parcourt, au sein chaud de Sa mère, Son chemin de l’Avent sur le dos d’un ânon. Sans château, sans hôtel, réservé pour Lui seul, Il voit (de nuit) le jour, au rugueux d’une étable. Sans cour d’hommes puissants, le seul droit qu’Il S’accorde est de faire Sa cour à nous autres humains de bonne volonté, depuis plus de vingt siècles chaque année à Noël ! ».

Aussi, pour l’heure où carillonneront d’un même élan mille clochers, je rêve que, bouches bées en écho à Jacques Brel, nous nous murmurions l’un à l’autre :
« Dites, dites, si c’était vrai. S'Il était né vraiment à Bethléem, dans une étable. Dites, si c'était vrai. (...)
Si c’était vrai tout cela, je dirais oui ! Oh, sûrement je dirais oui ! Parce que, parce que c’est tellement beau tout cela, quand on croit… que c’est vrai ! ».

Marie-Claude Pellerin - 5 décembre 2019