• EN MARCHE !

     

    Fermer comme l'on claque un volet ses paupières…
    Attendre sans sommeil que la nuit les caresse…
    Les ouvrir au matin sur une aurore hostile
    Crachant entre nos cils son trop-plein de marée
    Et prier dans un râle qu'au cloaque du jour
    L'Espérance obstinée dessine un arc-en-ciel…

    Convenez-en – ou pas ! En ses flux et reflux, non, décidément non, la vie n’est pas un long fleuve tranquille ! Souvenez-vous, depuis le temps que vous vivez, de ces matins, secs et vitreux, où pas un geste ne fait signe au suivant d’un élan joyeux ! Rappelez-vous de vos reflux, de vos amères déceptions où, à la suite de Charles Peguy, vous maugréez : « Cette petite Espérance m’a encore trompé. J’aurais dû me méfier. Je ne la croirai plus jamais… » et cependant, ajoute-t-il : « Vous la croirez encore, vous la croirez toujours », tant il est vrai qu’au fond de vous, vous savez bien qu’à chaque fois que vous frôlez le désespoir, un petit rien, juste une bruine au fil du Souffle, vient rafraîchir vos âmes grises et craquelées. Du coup, emportés par le flux allègre des rires espiègles d’un enfant, des mots ardents d’une chanson ou des arpèges d’une guitare, vous vous sentez pousser des ailes… une fois de plus, au gré de vos états d’esprit sautant souvent « du coq à l’âme » (Lynda Lemay).

    Aux soirs de fin novembre, j’imagine que vous êtes comme moi essoufflés par l’allure effrénée des semaines et des mois nous plantant, haletants, en plein champ de l’Avent. Pourtant : fragiles en nos émois de piétons bousculés, ne nous affolons pas ! Tout pareils à Marie assise aux pieds du Christ, écoutons les échos de Ses béatitudes. Et lorsque bruisseront leurs mots que Chouraqui a traduits par « en marche ! », eh bien ! Au diable nos orteils et leurs cors douloureux ! En terre d’Evangile, Dieu sait que les élans de nos cœurs palpitants marchent mieux que… nos pieds ! Dès lors, sur Sa parole une nouvelle fois, risquons-nous en Avent ! Quand, à fleur de nos cils, son étoile percera les frimas de nos ciels, sûr que par sa clarté ricochant doucement au tain de nos regards, elle fera de nous des hérauts d’espérance toujours. Infiniment.

    Marie-Claude Pellerin - 30 novembre 2018


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