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    INVOLUTION

     

    Prisonnier du destin jusques alors complice
    Des élans de mon cœur accueillant les saisons,
    Hébété je me traîne au creux d’un précipice,
    Genoux rouge-écorchés, sans espoir d’horizons. 

    Ignorés des oiseaux, mes froids printemps s’épuisent
    Sous les rayons fanés d’un soleil englouti
    Dans le tourbillon fou des rafales qui brisent
    Les arbres déjà morts d’avril anéanti. 

    Solidaire des nuits précipitant ma chute
    Loin des blés, jumeaux blonds de mes cheveux ambrés,
    Un givre indélébile à ma tignasse hirsute
    Étiole un à un mes flous épis dorés. 

    Sous la botte des jours qui scande à contre-rêve
    La mesquine parade où périt le désir,
    Automate docile et réduit à la grève,
    Par les ans subjugué, je m’oblige à vieillir.

     

    Marie-Claude Pellerin  


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