• CROIRE OU ÊTRE SÛR !?

     

    (Comme toutes les réflexions de cette rubrique "Croire Aujourd'hui", celle-ci a été écrite pour le journal "La Région - Nord Vaudois" proposant chaque semaine en ses colonnes un Billet portant ce titre) 

     

    À chaque fois que je m’apprête à écrire pour « Croire aujourd’hui », j’entends résonner dans ma tête cette injonction d’un enseignant qui, pour couper court à mes « je crois… », s’écriait en dressant l’index : « Il ne faut pas croire : il faut être sûr ! »

    Soixante années plus tard – n’en déplaise à mon bon mentor ! -  j’ose objecter qu’au fond… rien n’est moins sûr ! Et que si La Région titrait cette rubrique hebdomadaire par un « Être sûr aujourd’hui ! », c’est non sans moult hésitations qu’en tremblant je prendrais la plume !

    Parce qu’être résolument sûr : n’est-ce pas tenir pour certain ce qu’haut et fort nous affirmons sans que ne plane l’ombre d’un doute, en oubliant que notre avis n’est qu’un regard parmi tant d’autres dans le bien commun des pensées ? À fortiori parlant de Dieu : n’est-ce pas Le claquemurer dans un savoir définitif, comme s’il n’y avait plus rien à dire, à entendre et à découvrir ?

    Alors que croire ! Croire simplement en tâtonnant sur les traces de la Parole, sans s’accrocher à des acquis court-circuitant l’imprévisible, n’est-ce pas rester attentif à la mouvance de l’Esprit qui va, qui vient, au fil du Souffle… insaisissable ?

    J’aime ces mots d’une Cistercienne, Sœur Marie-Pierre (dont je vais citer quelques perles), disant mieux que je ne sais dire ce que j’aimerais partager de mon « Croire aujourd’hui » de femme toujours. Infiniment.

    « Dis-leur ce que le vent dit aux rochers, ce que la mer dit aux montagnes. Dis-leur qu’une immense bonté pénètre l’univers. Dis-leur que Dieu est un vin que l’on boit, un festin partagé, où chacun donne et reçoit. Dis-leur qu’il est le joueur de flûte dans la lumière de midi : il s’approche et s’enfuit, bondissant vers les sources. Dis-leur son visage d’innocence, son clair-obscur et son rire. Dis-leur qu’il est ton espace et ta nuit, ta blessure et ta joie. Mais dis-leur aussi qu’il n’est pas ce que tu dis et que tu ne sais rien de lui. »


    Marie-Claude Pellerin - 9 septembre 2019


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