• QUI VEUT FAIRE L'ANGE...

     

    Je l’écrivais déjà au début de l’Avent : sous ma tignasse blanche de piétonne ébahie, l’incarnation de Dieu me propulse sans fin loin de toute évidence. Un Noël après l’autre resurgit, à la Crèche, cette intense question :
    « Mais… qu’est-ce qui fait, mon Dieu, que Toi, l’Intemporel, Tu aies eu cet élan de prendre corps et chair dans cette souple argile dont Tu nous façonnas ? Qu’est-ce qui a fait jaillir, du cœur de Tes entrailles, ce désir trois fois fou (Toi qui es trois fois Saint) de Te soumettre au temps de nos cycles humains « pour savoir ce que c’est de naître, de mourir, d’avoir mal aux dents » ? (Marion Muller-Colard)

    Ainsi pendant Carême coïncidant, pour mémoire, avec la quarantaine où, après Ton baptême, Tu T’es retrouvé seul sous la fournaise ardente d’un soleil implacable débouchant sur la faim et… sur la tentation de devenir un Dieu puissant et redouté sur la terre des hommes... 
    Ainsi butant au dur de ce désert hostile par Toi résolument rejoint et enduré, déferle en mon esprit ma question récurrente : serait-ce étrangement pour le vivre à Ton tour, cet écartèlement de mes contradictions, faisant de moi tantôt une bête sauvage ou, un ange avenant ?

    Lorsque je Te perçois - Frère en humanité tout semblable à moi-même - obligé de choisir entre la voie royale du pouvoir absolu dévorant et sans âme, ou les sentes escarpées de l’amour à tout prix, source de liberté, j’ai envie de calquer sur mon cœur Ton courage pour oser, fermement, ne pas Te renier… tout en me reniant !

    Et quand, suite au Carême de l’an deux mille dix-huit, je reprendrai ma marche dans les rues de ma ville, ne permets pas que j’entre en cette tentation de vouloir trop « faire l’ange », au risque d’être « bête », et sauvage à la fois ! Donne-moi chaque jour cette délicatesse, qui sait se proposer et non s’insinuer dans les cocons des autres à pas feutrés… d’un loup, affublé d’ailes d’ange ! Que dans la transparence de Ton Souffle de Vie, je sois juste… moi-même, comme Tu es Toi-même : Dieu Très Bas balisant les chemins de la terre, sous un ciel grand ouvert toujours. Infiniment. »


    Marie-Claude Pellerin - 12 février 2018


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